jeudi 7 novembre 2013

Old Man Gloom - Christmas (sludge expérimental) [2004]

Comment peut-on produire quelque chose d’aussi malsain ? Comment en arrive-t-on à vouloir faire ressentir une telle violence à nos esgourdes fragiles ? Comment parvient-on à poser des ambiances profondes et dérangeantes comme celles qui résident en ce Christmas ? Old Man Gloom semble détenir les réponses à ces questions, et à d’autres éventuellement.

Gift le bien nommé nous mangera tout cru dès l’entame, nous infligeant volontiers - après une intro qui placera le lourd contexte de l’objet - une montagne de riffs baignés d’Isis, dans un registre bien plus gras. Le son en général est écorché, coupé, blessé, saignant abondamment de toutes parts. Un disque forcément travaillé au corps par Kurt Ballou, faisant sans aucun doute partie du haut du panier sur l’ensemble des productions du bonhomme, parvenant ici à envoyer un rendu follement organique. Le Vieil Homme Sombre quant à lui, s’évertue à nous donner d’énormes coups de butoir blindés de textures et de feeling (Skulltsorm, Sleeping With Snakes, Girth And Greed), alternant avec des nappes atmosphériques froides, grinçantes et perturbées (Gift, Something For The Mrs., Lukeness Monster). Puis vient le milieu de l’album, deux morceaux de plus de sept minutes chacun. L’un évoluant dans un ambient lumineux, presque mystique, toujours fragile (Accord-O-Matic). L’autre (The Volcano) invitant Eugene S. Robinson (Oxbow) à se faire entendre, éructant aux cotés de Turner, Scofield et Newton, sur un groove porté brillamment par la section rythmique écrasante. Un morceau magistral débordant de plaisir, regroupant toutes les sensibilités de chacun des protagonistes : hardcore, metal, sludge, noise, post-le 1er, post-le 2nd, expérimentations diverses, tout y passe.

La seconde partie de l’objet fera la part plus belle aux ambiances semi-acoustiques, imprégnées de cinéma, magnifiques. La violence sera toujours là (Girth And Greed comme un dernier sursaut), mais plus diffuse, peut-être fatiguée de s’exprimer, telle une bête poussant son dernier râle avant de s’écrouler. Trépas illustré par Valhalla, où s'immisce un accordéon, furtivement entendu sur la fin d'Accord-O-Matic, ce qui permet de justifier un peu la présence de cet instrument sur l'artwork. La clôture de seize minutes expose une forme d’au-delà saturé, où la voix fantomatique de Turner intervient, écrasée par le poids des guitares, le tout habité d’une sensation épique et d’une profondeur sans nom. Monumental.

Old Man Gloom est un agencement d’univers cohérent, équilibré et proprement viscéral. Un amalgame de sensibilités qui accouche de bébés épais et consistants. Une créature vivante, profonde, instinctive et cérébrale à la fois, n’hésitant pas à martyriser nos perceptions pour faire passer des émotions variées. Christmas a déjà neuf ans et son empreinte restera éternelle.

En écoute sur le bandcamp.


Tracklist :
  1. Gift
  2. Skullstorm
  3. Something For The Mrs.
  4. Sleeping With The Snakes
  5. Luke 1
  6. 'Tis Better To Receive
  7. Accord-O-Matic
  8. The Volcano
  9. Close Your Eyes, Roll Back Into Your Head
  10. Girth And Greed
  11. Caleb The Cowboy
  12. Viking Song
  13. Christmas Eve Parts I, II&III (Alt Version)

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