mercredi 23 avril 2014

HPRSTN (Hyperstation) - Palm Tree EP_02 (pop violence) [2014]

Mystérieux projet franco-américain, HPRSTN réunit quatre spécimens aux noms informatisés et tendances (HYPE001, 002, 003 et 004). Une démarche qui colle bien avec la musique proposée, définie par les intéressés comme de la "pop violence", mariant pop donc, electronica, post-punk et plein d'autres trucs. Un peu comme si les Pixies avaient jammé en compagnie de The Gossip et Kraftwerk, rejoints ponctuellement par Nirvana et Sonic Youth, entre autres.

En effet, les cinq titres de ce (très court) second EP des parisiens exposent une certaine nonchalance so british, doublée d’une dimension dansante et synthétique infaillible. Quelque chose d’un peu ovniesque, inédit dans le paysage musical français, où le beat de la boite à rythme est constamment appuyé, hypnotique et désabusé. Les machines n’hésitent pas à grésiller (I Can’t Sleep), les mélodies bouclées de la six-cordes savent calmer le jeu (Going Out), quand il ne s’agit pas d’y inclure une touche de post-rock (Watch Your Back Again), ou de disséminer çà et là quelques intentions minimales. Ce Palm Tree a plutôt fière allure, instantané mais révélant nombre de subtilités sur la durée, se concluant de la plus belle des manières. Voilà une découverte fraîche et bienvenue qui devrait faire son effet en direct, en attendant plus de matière.

Les deux premiers EPs en écoute sur bandcamp.


Tracklist :
  1. Intro
  2. I Can't Sleep
  3. Going Out
  4. Watch Your Back Again
  5. Palm Tree

Room 204 - Maximum Végétation (math-rock-noise...végétal) [2014]

Kythibong a le chic pour sortir ses disques aux moments opportuns. Le Tennis de Papaye a vu le jour en avril 2013, le Yes! moite de Binidu a été édité en juin de la même année et ce Maximum Végétation apparaît alors que mère Nature fait péter ses plus belles couleurs, comme vexée de ne pas avoir pu exprimer convenablement son dernier printemps.

Room 204 donc, repointe le bout de son patronyme de punk-rock californien, sous forme de trio, toujours équipé des baguettes de Papier Tigre et d’une six-cordes de Papaye, augmenté par les intentions métallisées du mec de Seal Of Quality. Si l’on est déjà habitué aux sonorités des groupes cités dans ces lignes, l’écoute du nouvel album de Room 204 ne devrait pas être trop déroutante. Les trois bonhommes font tout comme avant, avec une guitare en plus et une prod’ qui tape la tronche. Le feeling des musiciens s’en fait d’autant plus ressentir, ça joue à mort, sans temps mort. Les oiseaux sont les seuls à chanter, ils annoncent et concluent la déferlante math-noise-rock à suivre, soit l’équivalent d’un collier de perles enfilées en a peine vingt-et-une minutes, mais chargées en matériau précieux. C’est ainsi qu’En Dix Neuf Cent Trente Et Un, une Population de Cocotiers entreprit un soulèvement à grand renfort de saturations épaisses mais optimistes, l’objectif étant d’agiter frénétiquement les corps, en attendant L’Heure d’Eté pourtant déjà en vigueur. Le plan est Non Cartographié mais la route est droite, une trajectoire idéale pour éviter la Dépression Herbeuse.

On pourrait sans mal fabriquer une histoire environ cohérente en s’aidant des titres de ce Maximum Végétation. Des compositions qui préservent bien Don Caballero ou Oxes comme base indécrottable, mais il s’en est écoulé du temps depuis Balloons, ajoutant la présence du second guitariste, qui permet d’alourdir un son qui n’en demandait pas tant. Et puis du temps, on en a eu pour se délecter de Pneu, Papaye ou Marvin, car à l’écoute on sait instantanément que l’on a affaire à cette famille-là et ses pratiques musicales incestueuses. Une chaleur désormais familière mais renouvelée sans cesse, dont Room 204 fut l’un des initiateurs (w/ Fordamage et feu-Komandant Cobra). La boucle est donc bouclée, jusqu’à la prochaine sortie.

Disque en écoute chez New Noise.



Tracklist :
  1. En Dix Neuf Cent Trente Et Un
  2. Population de Cocotiers
  3. Fleur de Toundra
  4. L'Heure d’Été
  5. Non Cartographié
  6. Dépression Herbeuse
  7. Six à Dix
  8. Biocorridor
  9. Maquis Impénétrable
  10. Tropical Extrême Désert
  11. Trame Verte

We Insist! - s/t (rock protéiforme) [2014]

Presque vingt ans d’activité pour We Insist!, six albums et un line-up qui n’a cessé de se réduire, passant de septuor cuivré à trio au fil des sorties. Contre vents et marées, la formation persiste (insiste ?) et revient exhiber une fougue encore vivace, puisant tout ce que le rock peut offrir de meilleur, tout simplement.

Tour à tour étiquetée "jazzcore", "jazz-rock" ou même "rock progressif", la musique des parisiens a toujours semé le trouble, bouffant à tous les râteliers, à la manière de Primus ou Faith No More, le groove comme constante. Des influences plus probables que King Crimson, bien que la vague présence de parties prog’ est incontestable. Mais le cas de We Insist! est autrement plus complexe, piochant également dans le noise-rock, le post-punk, post-rock, metal et j’en passe. Cet aspect imprévisible est bien au rendez-vous, sur une base cette fois complètement noise - basse en avant - agrémentée bien sûr de plans math et post-ce que vous voulez. Le fait est que ces gaillards n’ont pas fini de faire danser leur monde, sans toujours savoir sur quel pied, heureusement.

Armé d’un frappeur/chanteur aussi souple que furieux, vocalement équilibriste, parfois sur le fil de la justesse (Elijah’s Spell), capable toutefois de déballer du coffre (First Draft qui aurait pu être pondu à Seattle dans les 90's, ou l’irrésistible math-pop noisy My Friend's Lonely Mate), le trio est aussi équipé de guitares coulantes et grinçantes, jonglant habilement et nonchalamment entre fragilité et virtuosité mélodique, simplicité rythmique et déconstruction mathématique, pas très loin de Don Caballero ou Nomeansno (Black Post White Ghost, Grinding Down The Pole), et d’une quatre-cordes dominatrice, tout aussi insaisissable que ses congénères instruments. Un accordéon s’invite au passage sur les deux minutes vingt héroïques et orgasmiques de Four Nights In August, appuyant l’atmosphère joyeuse et peinarde qui imprègne cet album malgré quelques tensions nécessaires. Notons enfin la place auparavant occupée par les saxophones, finement comblée par un "riffing" excessivement inspiré.

Le tour de force est bien là avec ce sixième disque, obtenir le dosage quasi-parfait entre immédiateté et complexité. We Insist! livre ici un objet plus accessible et moins expérimental que jadis, mais gagnant peut-être en cohérence. Il en reste néanmoins un superbe omni, à se procurer urgemment pour les amoureux du rock sous toutes ses formes, tout simplement.

Disque disponible via bandcamp.
 

Tracklist :
  1. While The West Is Falling
  2. Folding Iron
  3. First Draft
  4. My Friend's Lonely Mate
  5. Elijah's Spell
  6. Black Post White Ghost
  7. Four Nights In August
  8. Grinding Down The Pole
  9. The White Fleet
  10. Another Era