jeudi 23 mars 2017

Une Marche pour la Paix

18 mars 2017


02:30 AM : Le réveil sonne une fois, il sonne deux fois, trois fois...

02:50 AM : Je m'extirpe enfin péniblement de mon lit, me prépare un café pendant une douche express, bois mon café en quatrième vitesse, saute dans mon manteau et cours rejoindre le camarade prêt à m'emmener au départ des cars Insoumis de Loire-Atlantique. Précision : j'ai pu profiter du voyage grâce au désistement d'un insoumis qui m'a gracieusement offert sa place, et que je remercie encore chaleureusement.

04:30 AM : Horaire de départ d'origine des cars, nous ne partirons finalement qu'aux alentours de 5 heures du matin. Un retard qui s'explique par les nombreux Insoumis qui attendent qu'on leur indique le car auquel ils sont affiliés, en fonction des différents groupes d'appui qui parsèment l'ensemble du département. Le notre sera le car n°104, de marque Pineau, "ouf, c'est pas un car Macron !" s'exclameront certains. L'ambiance est chaleureuse, tout le monde commence déjà à discuter sans nécessairement se connaître. Une vision plutôt réjouissante.

Une fois placés dans le car, chacun et chacune rattrape (ou tente de rattraper) sa courte nuit, ça me rappelle certains voyages scolaires, sauf qu'ici la moyenne d'âge est bien plus élevée. Autant dire qu'il y a un bagage de luttes et d'actions politiques assez conséquent, et la plupart des conversations que j'ai pu avoir durant cette journée auront été synonymes d'enrichissement intellectuel et humain.

Au réveil on nous distribue des paroles retravaillées à la sauce "Insoumise" de chansons populaires, de Georges Moustaki à Edith Piaf en passant par Zebda, certaines interprétations au micro laissent à désirer mais on s'en fout, tout le monde se marre, se vanne, la joie et l'euphorie prédominent.

10:30 AM : Arrivée tant bien que mal sur Paris, des policiers en moto nous escortent et nous font faire un bon détour pour atteindre la place de la Bastille, où nous attendent le reste des Insoumis-e-s, venant de toute la France, et les locaux, ceux qui ont trimé une partie de la nuit et de la matinée pour organiser l’événement et nous accueillir dans les meilleures conditions. Quelques-uns passent avec badges, autocollants, tracts à distribuer, vendent également des programmes de "L'Avenir en Commun" à 3€ pièce, le tout dans une ambiance bon enfant, propice aux discussions plus ou moins enflammées, une constante lors des 24 heures de cette journée pas comme les autres. Les bars de la place sont évidemment pris d'assaut par les Insoumis-e-s, histoire de se sustenter, de boire un coup tout en conversant entre nous, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Face à nous, la sensation d'une démocratie libérée, pleine de partage, de convictions, et d'une réelle envie d'en découdre avec une Vème République définitivement obsolète.

02:00 PM : Horaire de départ prévu pour le défilé, mais la foule rassemblée à ce moment-là est tellement dense que le programme se verra décalé, Jean-Luc Mélenchon retardant son discours pour qu'un maximum de gens puissent en profiter. La Marche, lente mais déterminée, fut nécessairement agrémentée de musique variée (entre hip-hop, rock, punk-rock, chanson ainsi qu'un étrange orchestre de cuivres sur le parcours), de la présence de "L’Église de la très sainte consommation" et de "Résistance !" éructés à intervalles réguliers. Les gens se regardent et se parlent avec le sourire, heureux de voir une foule aussi concernée.

03:40 PM : Nous voilà bloqués juste à l'entrée d'une place de la République noire de monde, "environ 130 000 personnes" nous indique-t-on. Subjugués par l'ampleur de l'événement, c'est à cet instant que les soutiens de la France Insoumise et de son candidat commencent a s'exprimer, Gérard Miller notamment (auteur d'un excellent documentaire sur JLM) que l'on sentait très ému dans ses mots.
Malheureusement les rafales de vent et la densité de la foule nous empêchaient de distinguer toutes les paroles, y compris celles du candidat insoumis. Pas grave, "on écoutera tranquillement le replay sur Youtube". Les grandes lignes ont tout de même été plus ou moins entendues, ponctuées de "Résistance !" toujours plus forts, par moments supplées par des "Dégagez !" adressés à la caste dominante, tout aussi pertinents. A noter que j'ai été alpagué en plein discours par un UPRiste qui ne disait pas son nom, m'empêchant d'écouter le peu que j'entendais, accusant bien sûr la CIA de tous les maux... Risible. 
(discours de JLM dans son intégralité : https://www.youtube.com/watch?v=b5atq_VZd2M)

06:00 PM : Fin des prises de parole sur la place de la République et début des concerts, mais nos jambes lourdes ont préféré se diriger vers les bars, cafés ou restaurants, pour continuer à tailler le bout de gras dans la satisfaction d'une manifestation réussie, sans aucun heurt avec les CRS (qui se contentaient de bloquer les accès aux bagnoles), chose assez rare pour être soulignée. Il faut préciser encore un fois que l'organisation était exceptionnelle. A titre personnel je n'ai jamais vu autant de monde rassemblé au même endroit, sans qu'il n'y ait aucun problème déclaré.

08:30 PM : Horaire de départ pour le retour en Loire-Atlantique, après de nouvelles et longues conversations avec les camarades communistes ou syndicalistes, où j'ai appris des tas de choses, au sujet de Cuba (l'un d'eux gère l'association France-Cuba), du communisme en général, et de constater une nouvelle fois que nos livres d'histoire fournis à l'école sont loin, très loin d'être exhaustifs, orientant nos gamins vers une idéologie dominante qui ne convient qu'aux puissants. C'est pourtant simple, sans les communistes et les anarchistes, pas d'avancées sociales dans notre pays. C'est bien par leurs combats (notamment lors de la seconde Guerre et à la Commune de Paris en 1871) qu'on peut se targuer aujourd'hui d'avoir l'une des meilleures protection sociale au monde (du moins pour l'instant, et destinée à être supprimée sous le régime libéral actuel). Ceux qui confondent encore communisme et stalinisme n'ont décidément rien compris, ou ne comprennent que ce qui les arrangent. Notons aussi que beaucoup de gens dépolitisés, éminemment déçus par nos gouvernements successifs, étaient partie intégrante du mouvement, des gens qui ont pris conscience de l'urgence écologique absolue entre autres, peu importe leur provenance idéologique.

Bref, cette journée pleine et intense n'empêchera pas certains (ou plutôt certaines) de continuer à chanter dans le car, bloquant le sommeil des autres, mais pas pour longtemps, tout le monde s'évanouissant assez rapidement dans les bras de Morphée malgré l'inconfort des sièges, ronflements à l'appui, rêvant d'une 6ème République enfin effective. Espérons, dès le 7 mai prochain pour tous les dégager. En attendant... Résistance !