18 mars 2017
02:50 AM : Je m'extirpe enfin péniblement de mon lit, me prépare un café pendant une douche express, bois mon café en quatrième vitesse, saute dans mon manteau et cours rejoindre le camarade prêt à m'emmener au départ des cars Insoumis de Loire-Atlantique. Précision : j'ai pu profiter du voyage grâce au désistement d'un insoumis qui m'a gracieusement offert sa place, et que je remercie encore chaleureusement.
02:30 AM : Le réveil
sonne une fois, il sonne deux fois, trois fois...
02:50 AM : Je m'extirpe enfin péniblement de mon lit, me prépare un café pendant une douche express, bois mon café en quatrième vitesse, saute dans mon manteau et cours rejoindre le camarade prêt à m'emmener au départ des cars Insoumis de Loire-Atlantique. Précision : j'ai pu profiter du voyage grâce au désistement d'un insoumis qui m'a gracieusement offert sa place, et que je remercie encore chaleureusement.
04:30 AM : Horaire de
départ d'origine des cars, nous ne partirons finalement qu'aux alentours de 5 heures du matin. Un retard qui s'explique par les
nombreux Insoumis qui attendent qu'on leur indique le car auquel ils
sont affiliés, en fonction des différents groupes d'appui qui
parsèment l'ensemble du département. Le notre sera le car n°104,
de marque Pineau, "ouf, c'est pas un car Macron !"
s'exclameront certains. L'ambiance est chaleureuse, tout le monde
commence déjà à discuter sans nécessairement se connaître. Une
vision plutôt réjouissante.
Une fois placés dans le
car, chacun et chacune rattrape (ou tente de rattraper) sa courte
nuit, ça me rappelle certains voyages scolaires, sauf qu'ici la
moyenne d'âge est bien plus élevée. Autant dire qu'il y a un
bagage de luttes et d'actions politiques assez conséquent, et la
plupart des conversations que j'ai pu avoir durant cette journée
auront été synonymes d'enrichissement intellectuel et humain.
Au réveil on nous
distribue des paroles retravaillées à la sauce "Insoumise"
de chansons populaires, de Georges Moustaki à Edith Piaf en passant
par Zebda, certaines interprétations au micro laissent à désirer
mais on s'en fout, tout le monde se marre, se vanne, la joie et
l'euphorie prédominent.
10:30 AM : Arrivée
tant bien que mal sur Paris, des policiers en moto nous escortent et
nous font faire un bon détour pour atteindre la place de la
Bastille, où nous attendent le reste des Insoumis-e-s, venant de
toute la France, et les locaux, ceux qui ont trimé une partie de la
nuit et de la matinée pour organiser l’événement et nous
accueillir dans les meilleures conditions. Quelques-uns passent avec
badges, autocollants, tracts à distribuer, vendent également des
programmes de "L'Avenir en Commun" à 3€ pièce, le
tout dans une ambiance bon enfant, propice aux discussions plus ou
moins enflammées, une constante lors des 24 heures de cette journée
pas comme les autres. Les bars de la place sont évidemment pris
d'assaut par les Insoumis-e-s, histoire de se sustenter, de boire un
coup tout en conversant entre nous, comme si nous nous connaissions
depuis toujours. Face à nous, la sensation d'une démocratie
libérée, pleine de partage, de convictions, et d'une réelle envie
d'en découdre avec une Vème République définitivement obsolète.
02:00 PM : Horaire de
départ prévu pour le défilé, mais la foule rassemblée à ce
moment-là est tellement dense que le programme se verra décalé,
Jean-Luc Mélenchon retardant son discours pour qu'un maximum de gens
puissent en profiter. La Marche, lente mais déterminée, fut
nécessairement agrémentée de musique variée (entre hip-hop, rock,
punk-rock, chanson ainsi qu'un étrange orchestre de cuivres sur le parcours), de la présence de "L’Église de la très sainte consommation" et
de "Résistance !" éructés à intervalles
réguliers. Les gens se regardent et se parlent avec le sourire,
heureux de voir une foule aussi concernée.
03:40 PM : Nous voilà
bloqués juste à l'entrée d'une place de la République noire de
monde, "environ 130 000 personnes" nous indique-t-on.
Subjugués par l'ampleur de l'événement, c'est à cet instant que
les soutiens de la France Insoumise et de son candidat commencent a
s'exprimer, Gérard Miller notamment (auteur d'un excellent
documentaire sur JLM) que l'on sentait très ému dans ses mots.
Malheureusement les
rafales de vent et la densité de la foule nous empêchaient de
distinguer toutes les paroles, y compris celles du candidat insoumis.
Pas grave, "on écoutera tranquillement le replay sur
Youtube". Les grandes lignes ont tout de même été plus ou
moins entendues, ponctuées de "Résistance !"
toujours plus forts, par moments supplées par des "Dégagez !"
adressés à la caste dominante, tout aussi pertinents. A noter que
j'ai été alpagué en plein discours par un UPRiste qui ne disait
pas son nom, m'empêchant d'écouter le peu que j'entendais, accusant
bien sûr la CIA de tous les maux... Risible.
(discours de JLM dans
son intégralité : https://www.youtube.com/watch?v=b5atq_VZd2M)
06:00 PM : Fin des
prises de parole sur la place de la République et début des
concerts, mais nos jambes lourdes ont préféré se diriger vers les
bars, cafés ou restaurants, pour continuer à tailler le bout de
gras dans la satisfaction d'une manifestation réussie, sans aucun
heurt avec les CRS (qui se contentaient de bloquer les accès aux
bagnoles), chose assez rare pour être soulignée. Il faut préciser
encore un fois que l'organisation était exceptionnelle. A titre
personnel je n'ai jamais vu autant de monde rassemblé au même
endroit, sans qu'il n'y ait aucun problème déclaré.
08:30 PM : Horaire de
départ pour le retour en Loire-Atlantique, après de nouvelles et
longues conversations avec les camarades communistes ou
syndicalistes, où j'ai appris des tas de choses, au sujet de Cuba
(l'un d'eux gère l'association France-Cuba), du communisme en
général, et de constater une nouvelle fois que nos livres
d'histoire fournis à l'école sont loin, très loin d'être
exhaustifs, orientant nos gamins vers une idéologie dominante qui ne
convient qu'aux puissants. C'est pourtant simple, sans les
communistes et les anarchistes, pas d'avancées sociales dans notre
pays. C'est bien par leurs combats (notamment lors de la seconde Guerre
et à la Commune de Paris en 1871) qu'on peut se targuer aujourd'hui d'avoir l'une des meilleures protection sociale au monde (du moins pour l'instant, et
destinée à être supprimée sous le régime libéral actuel). Ceux qui
confondent encore communisme et stalinisme n'ont décidément rien
compris, ou ne comprennent que ce qui les arrangent. Notons aussi que beaucoup de gens dépolitisés, éminemment déçus par nos gouvernements successifs, étaient partie intégrante du mouvement, des gens qui ont pris conscience de l'urgence écologique absolue entre autres, peu importe leur provenance idéologique.
Bref, cette journée pleine et intense n'empêchera pas certains (ou plutôt certaines) de
continuer à chanter dans le car, bloquant le sommeil des autres,
mais pas pour longtemps, tout le monde s'évanouissant assez
rapidement dans les bras de Morphée malgré l'inconfort des sièges, ronflements à l'appui, rêvant d'une 6ème République
enfin effective. Espérons, dès le 7 mai prochain pour tous les
dégager. En attendant... Résistance !