lundi 30 septembre 2013

Tomahawk - s/t [2001] - Oddfellows [2013] (rock expérimental)

En 2000, alors que Mr Bungle vient de nous livrer un dernier coup de génie avant de mourir, l’incontournable hyperactif et créatif Mike Patton décide de donner naissance à un nouveau projet, avec l’aide du guitariste de The Jesus Lizard, Duane Denison, vite rejoints par John Stanier (ex-Helmet, Battles) et Kevin Rutmanis (The Melvins) finissant de former ce projet hors normes.

Ce premier album constitue l’une des premières sorties – après Fantômas – d’Ipecac Recordings, le label du gominé. Son univers y est donc naturellement très présent. D’emblée, on capte un retour à des sonorités un peu plus accessibles qu’un Mr Bungle par exemple (Flashback, 101 North), plus proches de Faith No More dans la démarche, ce malgré une forte présence d’expérimentations en tout genre. L’atmosphère générale se fait cinématographique, inquiétante, dérangeante et dissonante. La fameuse CiBi de Patton est maintes fois utilisée pour renforcer l’aspect oppressant des morceaux (God Hates A Coward, Pop 1, etc). La basse se fait grasse et métallique la plupart du temps, le jeu de batterie particulier de Stanier est bien reconnaissable et central sur l’ensemble des compositions de ce disque. La guitare de Denison est parfois tendue, incisive (Jockstrap, Malocchio) et souvent vicelarde (Pop 1, Point And Click), rappelant forcément mais subrepticement The Jesus Lizard. La voix de Patton – imprégnée de tous ses travaux passés – sonne presque différemment à chaque titre. Langoureuse, murmurée, criée, gutturale ou simplement chantée à la manière de FNM (Point And Click, God Hates A Coward, Pop 1, le popisant Sweet Smell Of Success, etc).

Mais qu’on se le dise, Tomahawk est Tomahawk. Avec ce premier album, le groupe, bien qu’il ait ingurgité le flagrant talent de chacun de ses musiciens, prouve bien le caractère unique de cette musique. Les nombreuses expérimentations parsemant l’objet sont là pour en témoigner, comme sur Jockstrap, où la guitare sinueuse enveloppe un chant d’angoisse et une rythmique bluesy, entrecoupée de phases rock n’ roll dégueulasses à souhait, toujours dans un esprit cinématographique. Ce dernier point semble d’ailleurs largement inspiré par le Director’s Cut de Fantômas, sorti la même année. On imagine très bien Patton vouloir retranscrire cette ambiance dans un projet parallèle moins violent et moins techniquement déconstruit, plus rock. Ce rapprochement peut aussi se faire avec Disco Volante et California de Mr Bungle. Finalement, avec le recul on s’aperçoit que ce premier jet de Tomahawk contient environ tous les éléments qui composent l’œuvre de Patton. Ses délires vocaux, son goût pour le 7ème Art, l’héritage de ses formations et collaborations passées (voire même futures), sans toutefois écarter l’influence des musiciens qui l’entourent, ce qui rend d’ailleurs la quasi-totalité de ses projets inédite et ne manquant jamais d’intérêt, que l’on n’adhère ou pas au résultat.

Tomahawk s'est autorisé une entrée fracassante en ce début de 21ème siècle. En posant les bases solides d’un rock expérimental relativement déjanté et cinéphile, le quatuor s’assure une reconnaissance qui se décuplera fatalement avec la suite de ses aventures, le magistral Mit Gas

L'objet s'écoute intégralement via deezer.




Tomahawk, sans conteste le projet le plus régulier de Mike Patton. Le bonhomme part tellement dans toutes les directions que le simple fait que le groupe soit encore en vie (et bien vivace) est un exploit. Mais le principal responsable de cette longévité est Duane Denison (The Jesus Lizard), toujours là pour amener des idées et motiver les trois autres à écrire un disque. Petit changement après six ans de silence, Trevor Dunn, l’acolyte de Patton devant l’éternel, vient remplacer à la basse un Rutmanis plus très à l’aise dans ses sandales. Enfin, le quatrième album est là et confirme un retour aux fondamentaux après un très inspiré (mais boudé) Anonymous, perdu sur les terres amérindiennes arides.

« Oddfellows » serait le nom d’un ordre secret semblable aux francs-maçons, mais seul le titre éponyme s’inspire de cette sombre organisation. Ce morceau nous embarque d’ailleurs directement en terrain connu, celui d’un rock noisy, teigneux et sournois, celui des deux premiers albums. Une enthousiasmante entrée en matière qui engendrera une tripotée de pistes contenant chacune leur part de déviance et d’ingéniosité. Alors que Dunn apporte son touché aventureux et jazzy à l’ensemble, Denison arpente les chemins sinueux d’un rock expérimental mais ouvert, Stanier nous gargarise de rythmiques à la fois souples et sèches, tandis que Patton fait péter ses vocalises et lignes de chant si reconnaissables mais toujours si grisantes et protéiformes.

Ainsi, Stone Letter - aux relents de Faith No More - réjouira les nostalgiques ; White Hats/Black Hats et South Paw ramèneront au noise rock à papa pur et dur ; le très jazz Rise Up Dirty Waters se muera en twist furieux par intermittences ; l’inquiétant et dissonant The Quiet Few maltraitera les synapses dans les règles ; Choke Neck et son ambiance bluesy délectable nous placeront au beau milieu d’un polar délirant ; ou bien Waratorium et sa composante reggae surprendront un auditoire pourtant difficile à émerveiller.

Comme à son habitude, Tomahawk explore sans contraintes toute forme d’expression musicale et artistique afin d'alimenter son rock fiévreux et cinématographique. Chaque titre aurait sa place au sein d’une bande originale pensée pour un film pluriel et sans dialogues, ou une comédie musicale complètement cramée, au choix. Cela vaut d’ailleurs pour une grande majorité des perles pondues par ce groupe hors du temps et de l’espace. A ce titre, Oddfellows devient tout aussi indispensable que le reste d'une discographie exemplaire.


Tracklist - s/t :
  1. Flashback
  2. 101 North
  3. Point And Click
  4. God Hates A Coward
  5. Pop 1
  6. Sweet Smell Of Success
  7. Sir, Yes Sir
  8. Jockstrap
  9. Cul De Sac
  10. Malocchio
  11. Honey Moon
  12. Laredo
  13. Narcosis
Tracklist - Oddfellows :
  1. Oddfellows
  2. Stone Letter
  3. I.O.U.
  4. White Hats/Black Hats
  5. A Thousand Eyes
  6. Rise Up Dirty Waters
  7. The Quiet Few
  8. I Can Almost See Them
  9. South Paw
  10. Choke Neck
  11. Waratorium
  12. Baby Let's Play
  13. Typhoon

mercredi 25 septembre 2013

GAZA - I Don't Care Where I Go When I Die [2006] - No Absolutes In Human Suffering [2012] (hardcore/doom/sludge)

Salt Lake City n’abrite pas seulement d’étranges sectes obscures à tendance polygame. On y trouve aussi des groupes de hardcore salement amochés et atypiques tels que Gaza. Un quartet qui mettra tout le monde d’accord à la livraison de son premier objet au titre réjouissant, I Don’t Care Where I Go When I Die, en 2006.

Sauvage. Première impression après l’entame expulsée sans détours dans nos oreilles non-préparées (Calf, I Don’t Care Where I Go When I Die). Une sauvagerie qui s'avérera permanente, illuminée par un rendu sonore d’une puissance pénétrante. Les guitares explosent, détruisent la rythmique de manière constante, basse et batterie écrasent ou martèlent joyeusement jusqu’à ce que le tout soit bien amalgamé avec notre métabolisme conquis. La voix, éructée et martyrisée, viendra nous vriller le cerveau par ses multiples variations hurlées effrayantes, entre Sean Ingram (Coalesce) et Jacob Bannon (Converge), une folie maladive bien particulière en plus. Alors oui, ce disque est d’une violence inouïe, mais il est surtout maitrisé de bout en bout. Le jeu de batterie est absolument dantesque sur la plupart des titres, brutal et subtil à la fois. Une majeure partie des structures est construite et alambiquée à la sauce Botch (Hospital Fat Bags, Gristle, Sire, Cult), qu’on imagine bien être une de leurs influences principales. On pourra éventuellement reconnaître un peu de Converge dans les guitares fougueuses, véloces et carnassières, ou bien du Will Haven ainsi que du Old Man Gloom sur les plus lourds passages. Des ralentissements sludge magnifiques viennent d’ailleurs enfoncer le disque davantage, en y ajoutant parfois quelques mélodies crasseuses bien senties (Hospital Fat Bags, Pork Finder), ou alternant avec brio vitesse d‘exécution et plombage gras (Sire, Hell Crown, Moth, Pork Finder). Sans détailler entièrement chaque piste, on peut constater l’appétit gargantuesque de Gaza, se nourrissant d’une bonne dose de hardcore déglingué des années 90/2000.

Mais Gaza c’est avant tout une rageuse personnalité, un putain de caractère profondément intègre et engagé, une humanité écartelée qui hurle sa colère et son désespoir face aux dogmes de la haine et de l’argent, les tripailles à l’air. Ce disque est sauvage, radical, chaotique, il nous pousse dans nos derniers retranchements émotionnels et – de ce fait – en devient indispensable.

L'objet s'écoute intégralement sur deezer.

  
Ça y est, il est là, l’increvable tigre de Gaza est de retour après deux longs formats monstrueux, deux pavés de violence magistrale et viscérale. No Absolutes In Human Suffering parle de lui-même, un nouvel aperçu du chaos dans ce qu’il a de plus maladif et brutal, crachant toujours plus de bile tenace sur les immondes travers de l'Homme.

On aura beau dire ou gesticuler d’agacement en voyant régulièrement son nom à la production d’un disque de hardcore, Kurt Ballou fait parfois des merveilles, dès lors qu’il a bien saisi l’essence d’un groupe. C’est le cas avec Gaza et son troisième objet. Un son équilibré, massif, d’une profondeur hallucinante, où les guitares semblent vivantes, vigoureuses, insaisissables. Aussi merveilleusement grasses et plombées que subtiles et fragiles. La musique du quartet s’est encore étoffée et complexifiée en incluant des structures alambiqués assez proches du jazz par endroits, un peu à la manière de The Dillinger Escape Plan (This We Celebrate, Winter In Her Blood). C’était déjà partiellement le cas autrefois mais cette composante devient relativement flagrante ici. Jon Parkin a aussi gagné en intensité, malgré le fait que sa voix soit un poil plus en retrait qu’auparavant. Cette voix écartelée, broyée, prête à faire péter les points de sutures de plaies béantes, luttant pour s’extirper d'une jungle sonore et venimeuse qui l’engloutit progressivement, lentement.

En parlant de lenteur, No Absolutes In Human Suffering laisse davantage de place aux ambiances doom/sludge, elles-mêmes plus denses et organiques, faisant apparaître d’insoupçonnées subtilités mélodiques après moult écoutes (Not With All The Hope In The World, When They Beg). Un délice pour les tympans qui ne manquera pas de rappeler le spleen de Converge période Jane Doe/You Fail Me, sans compter la présence d’un Botch malade tapi dans l’ombre (The Crown, Skull Trophy). En fait, chaque musicien remet une couche de précision et de feeling. La basse ronfle bruyamment en permanence, corroborée par une batterie sournoise, aérienne et salement brutale, Casey Hansen faisant probablement partie des frappeurs les plus intéressants du circuit hardcore. Il suffit de le voir en mouvement pour comprendre.

Gaza nous livre une nouvelle démonstration de sauvagerie, encore plus maîtrisée, domptée, déconstruite, augmentée d’un son ébouriffant et suintant le rejet définitif et légitime d’un système globalisé et uniformisé qui n’a plus lieu d’être. Non, il n’y a pas d’absolu dans la souffrance humaine, Gaza en est la preuve ultime et l’incarnation auditive désabusée.

La souffrance s'écoute sur deezer.

Tracklist - I Don't Care Where I Go When I Die :
  1. Calf
  2. I Don't Care Where I Go When I Die
  3. Hospital Fat Bags
  4. Gristle
  5. Sire
  6. Slutmaker
  7. Hell Crown
  8. Moth
  9. Cult
  10. Pork Finder
  11. Untitled
Tracklist - No Absolutes In Human Suffering :
  1. Mostly Hair And Bones Now
  2. This We Celebrate
  3. The Truth Weighs Nothing
  4. Not With All The Hope In The World
  5. The Vipers
  6. No Absolutes In Human Suffering
  7. The Crown
  8. When They Beg
  9. Winter In Her Blood
  10. Skull Trophy
  11. Routine And Then Death

Mr Bungle - Disco Volante (avant-rock/pot-exquis) [1995]

1995, Faith No More connaît un succès dégoulinant et fait naturellement la tournée des stades et autres festivals estivaux… Mike Patton, peut-être un peu las de toutes ces paillettes et surtout en mal de création, va trouver refuge dans son side-project, aujourd’hui devenu aussi culte que FNM pour les amateurs du gominé, Mr Bungle. Le clown maléfique met tout le monde d’accord avec la livraison de Disco Volante, évolution totalement hallucinée du génial et déjà bien cramé précédent opus. Si ça ne tenait qu’à moi, je dirais qu’il s’agit là du chef d’œuvre de Mr Bungle, le chef d’œuvre de Trey Spruance, Mike Patton, et Trevor Dunn. Un album référence qui donnera le ton sur les différents projets des protagonistes cités plus haut. On pensera notamment à Fantômas, Tomahawk, Secret Chiefs 3, ou encore Moonchild Trio.

Jazz, death-metal, noise, musette, pop, cabaret, etc… se succèdent, se percutent, s’accouplent pour former une sorte de créature musicale mutante, à l’apparence improbable mais dont le cœur se révèle absolument construit au fil des écoutes (qui seront nécessairement nombreuses). Disco Volante est donc une entité capable d’enfiler une multitude de visages, créée par des cerveaux malades en mal d’expérimentations. On ne sait plus où donner de la tête entre les ambiances lourdes, bruitistes et primales (Everyone I Went To Highschool With Is Dead et ses chœurs désenchantés), voire technoïdes (Desert Search For Techno Allah), les entames jazzy qui explosent sans crier gare pour enchaîner sur un plan free death, en passant par des phrases chantées, murmurées, vieillies (Carry Stress In The Jaw), hurlées la seconde d’après, accompagnées d’un accordéon puis d’une mandoline (Violenza Domestica en italo-espagnol dans le texte). Suivrons un interlude guilleret et popisant, mais aussi inquiétant (After School), puis Phlegmatics et son départ canon sur un rythme thrash metal qui se muera en dialogue déroutant entre hautbois…  Ma Meeshka Mow Skwoz, dans un délire de cirque festif, rappellera le premier LP du Bungle, ou The Bends, long morceau perturbant et perturbé, découpé en plusieurs ambiances distinctes à fort caractère cinéphile encore une fois. Backstrokin’ se pose en nouvel interlude qui fera étrangement penser au travail de Patton sur le film A Perfect Place, laissant justement place au très free jazz et cartoonesque Platypus, entamé succinctement par des riffs lourds un brin déconstruits.

Enfin, l’écoute de Merry Go Bye Bye, le titre final en deux parties - dont une cachée nommée Noises - nous achèvera dignement. Une entame enthousiaste en forme de chansonnette folk 50’s, coupée brutalement par un thrash/death des familles, agrémenté de sonorités électroniques grinçantes ou oppressantes, entrecoupé d’une ligne de guitare qui évoquera Tomahawk. Pour clore cette première partie, une chanson langoureuse apparaît, dans un style « crooner » affectionné par le gominé, qui inspirera certainement Pink Cigarette sur California. Ce qui s’apparente à la seconde partie du morceau est surtout un joyeux bordel dissonant où tout le monde évalue ses capacités à jouer faux, et ils se débrouillent plutôt bien les cons ! Quasiment inaudible mais parfait quand il s'agit de clôturer un objet musical totalement cinglé et hors du temps.

Sans nul doute, Disco Volante est de loin l’album le plus expérimental de Mr Bungle. Le groupe arrive en outre à envelopper cet amoncèlement de sonorités dans une atmosphère cinématographique tout à fait singulière bien qu’inspirée du surréalisme, qui se perçoit déjà au premier contact par le visuel du disque. Les univers de David Lynch ou de Stanley Kubrick – pour ne citer qu’eux – ne sont jamais bien loin à l’écoute d’un disque qui pourrait être la bande originale de leur œuvre la plus dérangeante. Le genre de musique que l’on écoutera dans 150 ans avec la même jouissance ressentie aujourd'hui pour Bach, Charles Mingus, Miles Davis ou John Cage. Dans le domaine de la folie créatrice, Mr Bungle intègre définitivement l’équipe des meilleurs spécialistes contemporains.

Disco Volante peut s'écouter sur Deezer.
 
  
Tracklist :
  1. Everyone I Went to High School With Is Dead
  2. Chemical Marriage
  3. Carry Stress In The Jaw + 'The Secret Song'
  4. Desert Search for Techno Allah
  5. Violenza Domestica
  6. After School Special
  7. Phlegmatics
  8. Ma Meeshka Mow Skwoz
  9. The Bends
  10. Backstrokin'
  11. Platypus
  12. Merry Go Bye Bye/Noises

Parween - Point (noise/post-hardcore/screamo) [2013]

Bonjour Parween, ça va depuis le temps ? Selon ta bio du livre des visages, tu ferais désormais partie intégrante de la scène rock/noise parisienne. Ce qui n’est pas contestable bien qu’un chouïa prétentieux. Prétention plutôt justifiée car la musique que tu as décidé de produire sur ce nouvel album te sied à merveille, et me touche par la même occasion. Tu sembles maladroit et arythmique mais je me suis vite aperçu que c’était un genre que tu te donnais. La dissonance ambiante de tes compositions cache des mélodies impromptues crachant une inspiration crasse, ta voix ressemble parfois étrangement – et c’est un compliment – à celle de Baton Rouge (ex-Daïtro), ta guitare me grignote les entrailles avant de les caresser amoureusement pour calmer la douleur, ta basse m’écrase la mâchoire et me pète les molaires en de multiples petits bouts pointus, ta batterie fait constamment de la haute voltige mais retombe toujours sur ses tomes, dans le fracas d’un groove démesuré, casse-gueule mais étonnamment cohérent. Je saigne abondamment mais je suis heureux. Ta gestion du bruit me rend admiratif, tes subtilités imperceptibles au premier essai ont fini par me donner quelques frissons, entre adrénaline et orgasme.

Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, t’en a sûrement rien à foutre de mon ressenti de chroniqueur à la manque, de musicien frustré. J’avais seulement besoin de te faire partager tout le plaisir que j’ai pris à écouter ton dernier objet circulaire. D’accord, on ne pige pas exactement tout ce que tu baragouines, vautré dans ta prose aussi Torve que tes notes ("J’ai vu des gens mauves et blancs, bleus et tendres, ils vont vers… […] de moins en moins, de loin en loin, tire en soie, les vers de soi"), mais le plus important est que l'ensemble sonne fichtrement bien. Et puis merde, je te fais de la publicité gratos, alors tu n’as aucune raison de rechigner. Accepte-le, tu me remercieras plus tard. Y’a pas de quoi. Point final.

Ce disque peut s'entendre sur le bandcamp du label Vox Project.
Achetable par ici.


Tracklist :
  1. Faire
  2. Refaire
  3. Fameux Naufrage
  4. Les Cartes
  5. Champs Lisse
  6. En Note
  7. Lettres Sur Marche
  8. Point
  9. Torve
  10. Compte
  11. Compte Encore

Oxbow - The Narcotic Story (noise-rock bluesy) [2007]

Oxbow est à part, Oxbow vient d’ailleurs... Bon, Eugène et ses musiciens désaxés sont de San Francisco, mais bien que ce bled ait souvent fait preuve d’originalité ou d’exubérance culturellement, peu importe le fief d'origine. Depuis ses débuts, le quartet développe et peaufine minutieusement son labeur, de telle manière qu’il parvient à toucher viscéralement l’auditeur attentif, usant d’une approche littéraire, dramatique. De ce fait, la démarche créative présentée ici n'a pas d'équivalent.

The Narcotic Story raconte l’expérience trouble et injectée de sang d’un certain Frank, visiblement en totale perdition, entre le poids de la société, le sexe, la violence, la drogue, et tous ces éléments qui reviennent régulièrement dans toute forme d’expression artistique… Les plusieurs niveaux d’écoute de cet album se calquent sur les différents degrés de réalité vécus par Frank. La voix qu’on entend, c’est la sienne, mettant à nu toutes ses personnalités, triturant ses cordes vocales dans toutes les directions, le plus souvent vers le spleen, l’obscurité, voire la folie autodestructrice. Frank est malade, les notes de piano incertaines et la guitare régulièrement dépressive sont là pour soutenir ce propos et le rappeler constamment aux oreilles distraites. Mr. Johnson était très clair, c'est du sérieux. Frank va souffrir. Une souffrance nécessaire pour se libérer d’une paranoïa rampante. On l’enferme dans une sombre pièce, petite et insonorisée, souillée par les déjections des précédents locataires, de sorte qu’il n’adresse la parole qu’à lui-même, qu’il trouve le moyen désespéré de s’extirper du gouffre psychologique dans lequel il s’est volontairement noyé.

Il faudra probablement tenter de franchir une étape symbolique. Soutenu par un martèlement clinique constant mais aérien (Down A Stair Backward), Frank se met à léviter et pense à elle (She’s A Find), toujours dans la douleur malgré un sentiment d’apaisement passager. Puis il se renferme, éructe et vomit le dégoût de sa personne sur fond de blues cradingue (Frankly Frank). Éreinté, usé, vidé, Frank subit profondément la torture permanente qu’il s’inflige, mais réagit soudainement de manière physique, gagné par la tentation de faire se percuter sa boîte crânienne avec les murs qui l’entourent, encouragé par un bruit insidieux et persistant. Mais il se reprendra plusieurs fois, esquivant et repoussant ainsi l’issue fatale, calmé par de subtiles mélodies faussement lumineuses (A Winner Every Time). Frank entrevoit le jour un instant et affiche un succinct rictus de joie béate sur son visage creusé. Comme un ultime orgasme avant de rendre une âme qui ne demandait qu’à se libérer d'un corps meurtri et gangréné, désormais cadavérique.

The Narcotic Story est certainement le disque qui a récolté le plus de succès parmi la collection d’objets pondue par l'entité Oxbow, mais il reste surtout une œuvre majeure, unique, signée sur un label dont on regrettera définitivement la récente disparition, Hydra Head.

En écoute introspective sur deezer.


Tracklist :
  1. Mr. Johnson
  2. The Geometry Of Business
  3. Time, Gentlemen, Time
  4. Down A Stair Backward
  5. She's A Find
  6. Frankly Frank
  7. A Winner Every Time
  8. Frank's Frolic
  9. It's The Giving, Not The Taking

Papier Tigre - Recreation (noise/math-rock) [2012]

  Ou "Pèpeur Taïgueur" comme disent sans doute les producteurs indépendants américains tels que John Congleton (Explosions in The Sky, This Will Destroy You, The Polyphonic Spree, etc) lors de l'enregistrement du troisième album des nantais au Studio Electrical Audio de Chicago, par exemple. Congleton étant également frontman d'un autre papier de qualité, The Paper Chase.

Un enregistrement qui s’est déroulé dans les conditions du live et ça s’entend bien évidemment de la première à la dernière seconde de ce(tte) Recreation. Un disque qui porte donc très bien son nom puisqu’il ne connaît pas l’ennui, le rythme est central et il le restera même lors des phases légèrement atmosphériques, comme sur le long et superbe The Later Reply. Un sens du groove qui se confirmera sur Afternoons ou encore Teenage Lifetime et ses variations sautillantes, bien ciselées, mathisées. Le trio n’oublie pas d’insuffler constamment une touche d’afrobeat à son rock fiévreux dans la plupart des compositions (Chimera, Demand, Afternoons), en jumelant le tout avec une fluidité totalement réjouissante, faisant preuve d'une fougue similaire à celle de leurs copains de Fordamage dans un registre un peu moins saturé. La voix d’Eric ressort davantage et nous emmène tantôt vers des phrases scandées, accompagnant les instruments dans une entreprise de déstructuration (I’m Someone Who Dies, Home Truth, This And That And More Of This And That, Wandering Cage), tantôt vers une mélodie pure et sincère toujours accordée au poil avec batterie et guitares (The Later Reply, Demand, Teenage Lifteime). Le tout est emballé dans une certaine chaleur subtile, le son est d’une clarté éblouissante, plein de relief. Il en résulte que l’on est instantanément happé par cette ambiance sonore aux contours imprévisibles, donnant une personnalité complètement affirmée aux trois nantais, déjà riches et célèbres dans nos sous-sols depuis The Beginning And The End Of Now. Notez par ailleurs qu'il s'agit d'une sortie étrangement synchronisée avec l'arrivée du printemps et tout ce que ça implique d'un point de vue "récréatif".

Qu’on se le dise, Recreation est une belle réussite s’inspirant du meilleur de la scène 90’s anglo-saxonne et qui risque bien de faire exploser le groupe à l’internationale, si ce n’est pas déjà fait. J’extrapole certainement mais Papier Tigre comme représentant du rock alternatif français à l’étranger, ça aurait plutôt de la gueule, non ?



Tracklist :
  1. I'm Someone Who Dies
  2. Chimera
  3. Home Truth
  4. This And That And More Of This And That
  5. The Later Reply
  6. Demand
  7. Afternoons
  8. Teenage Lifetime
  9. Parents And Neighbours
  10. Wandering Cage

Hero Destroyed - Throes (brutal-hardcore ultra rythmique) [2010]

Le héros détruit revient en 2010 après un EP sorti sous l’impulsion d’un bout de Don Caballero auprès de Relapse en 2008. Un premier jet salué par la critique qui plaçait le groupe aux cotés de gros machins tels que Coalesce et Burnt By The Sun entre autres…
Alors deux ans plus tard, qu’en est-il de ce Throes ? La polyrythmie est-elle toujours centrale dans les compositions brutales des américains ? L’affiliation avec les mastodontes de la violence déconstruite est-elle toujours légitime ?

A l’image de la haine musicale déversée ici, j’irai droit au but en affirmant que la polyrythmie est bien présente mais occupe légèrement moins de place. Le facteur rythmique apparaît plus nuancé, certains passages se contentent d’une certaine simplicité de ce point de vue (That’s An Axe, Minion), d’autres permettront de respirer un instant (Permian - Triassic, le terrible Cerberus), le reste ne fera pas dans la dentelle et nous enverra des gros pavés de violence dans les gencives (The Last Upper, You Might As Well Go Plan B, Army Of Dracoons). La complexité des structures est aussi globalement moins évidente mais se manifeste souvent avec brio (Justifying The Hypothetical, Minion, Wickerbasket Splinter). On a là un chanteur éructant et hurlant à tout va sans trop se préoccuper de la santé de ses cordes vocales qui, avec plus d'entraînement, pourraient concurrencer celles de Sean Ingram (Coalesce). La basse mise en avant claque de concert avec la batterie dans un déluge rythmique - poly ou non, saisissant par moments bien qu'un peu redondant parfois (The Last Upper, Pom Wampus). La guitare accompagne la lourdeur ambiante et participe aux moments de bravoure solidaires en balançant quelques lignes mélodiques concassées à la Botch ici et là (Justifying The Hypothetical, Minion, You Might As Well Go Plan B). Dans le jeu de la comparaison avec leur EP éponyme, je dirais que la production est ici plus claire, adaptée au format plus long, le rendu final est moins étouffé, moins compact. Le EP adoptait une ambiance sonore un peu claustro qui convenait bien pour un premier disque plus court et donc plus direct dans son approche.

Le hardcore brutal et déstructuré des gars de Pittsburg respire un peu plus sur ce Throes et ouvre des perspectives intéressantes pour le groupe, ce qui lui permettra peut-être à l’avenir de se démarquer davantage de ses brutaux ainés. En attendant je serais curieux d'apprécier cette débauche de violence rythmique sur scène… Un jour peut-être.

L'album s'écoute intégralement sur le bandcamp du héros détruit.


Tracklist :
  1. That's An Axe
  2. Iron Lion
  3. Justifying The Hypothetical
  4. Permian-Triassic
  5. Army Of Dracoons
  6. Minion
  7. The Last Upper
  8. Cerberus
  9. You Might As Well Go Plan B
  10. Dom Wampus
  11. Wickerbasket Splinter

Holy Fuck - LP (organic electro-rock) [2010]

"Oh putain !". Voilà les mots que j’ai expulsé spontanément à l’écoute de ce deuxième long des torontois, découverts avec un LP originel ambitieux, apparu environ au même moment que la claque Mirrored de Battles. La comparaison paraît d'ailleurs naturelle tant les deux groupes expérimentent des territoires similaires, ceux d’un electro-rock organique et bigarré. Chacun a toutefois sa manière de composer, et dans le cas d’Holy Fuck, c’est un peu l’atelier de bricolage. Des percussions et claviers faits maison, comme pour les pédales d’effet et quelques autres babioles sonores, destinées à faire bouger les corps tout en essayant d’insuffler des émotions nouvelles, voire oubliées.

Davantage que sur le LP de 2007, le Latin de 2010 maîtrise sa méthode sur le bout des ongles, et propose une tracklist calibrée au millimètre. MD introduit doucement l'objet sur un ambiant crépusculo-noisy, et c’est parti. La machine douée d’intelligence musicale est lancée, équipée d’un Red Lights foutrement dansant, d’un Latin America lumineux, d’un SHT MTN au groove percutant, suivi d’un Stilettos technoïde, potentiellement apte à enflammer n’importe quel dancefloor souterrain. Les perles sont légion. Le travail de recherche sonore se ressent à tous les niveaux, notamment par cet amoncèlement de couches électroniques, de textures organiques intégrées progressivement, ou mélangées. Le tout forme un ensemble complexe (mais décomplexé) et rythmiquement accessible, procurant une énergie positive à laquelle on succombe avec plaisir et délectation.

A l’instar de Battles, Holy Fuck diffuse une musique entraînante, hors normes, et même curative. Latin est un album à faire tourner régulièrement, seul pour s’extirper d’un mauvais coup de blues, ou lors de soirées pour transpirer, affichant le sourire niais de rigueur. Bien plus efficace et naturel qu’un antidépresseur.

  
Tracklist :
  1. MD
  2. Red Lights
  3. Latin America
  4. Stay Lit
  5. Silva&Grimes
  6. SHT MTN
  7. Stilettos
  8. Lucky
  9. P.I.G.S.

KEN mode - Entrench (noise-hardcore) [2013]

Les frères Matthewson n’en finissent plus de changer de bassiste, après Thérèse Lanz voici Andrew LaCour, les paris sont déjà lancés pour le prochain album. Mais avant d’être trop pressé d’évoquer l’avenir, on a un Entrench tout chaud bouillant qui vient de sortir. C’est le moment d’en parler, de manière plutôt élogieuse.

Venerable n’étant pas la grosse mandale espérée malgré un Ballou à la prod’, je n’attendais donc pas vraiment ce nouveau disque au tournant. Bien m’en a fait tant la surprise est bonne. Entrench est d’une consistance assez rare pour du noise-hardcore. Le nouveau bassiste apporte certainement sa sensibilité aux compositions, mais ce qui saute aux esgourdes est davantage le travail de Matt Bayles (Botch, Isis, Pearl Jam), plus aéré, plus conforme aux ambitions créatives du trio canadien, prenant soin de maintenir une atmosphère étouffante. De son coté, KEN mode densifie le propos tout en faisant le nécessaire pour ne pas se répéter, veille à instaurer un malaise planant en permanence sur ce disque, la basse dégueule tout ce qu’elle peut, conservant un niveau de virulence percussive quasi constant. Les martèlements de Shane se font plus rageurs, déterminés, dosés, gagnant en souplesse. De ce fait, le jeu des deux autres est influencé, les variations plus fréquentes ; pour une six cordes déchirante, lourde et subtile ; pour un chant hurlé protéiforme et une voix mélodique très minoritaire mais d'autant plus touchante (Romeo Must Never Know), ou encore pour une basse mutante et omniprésente. On a affaire à un KEN mode plus réfléchi, bien que le monstre assène des coups de butoir haineux et réguliers (Counter Culture Complex, No; I’m In Control, Secret Vasectomy). L’émotion est plus diffuse mais n’en reste pas moins organiquement prégnante, jusqu’à titiller nos plus obscurs démons (Daeodon). Et ce n’est pas la conclusion Monomythique accompagnée de son piano lancinant qui nous empêchera de sombrer sereinement.

Les canadiens peaufinent donc toujours plus leur recette à base de noise, de hardcore, post-[…], atteignant cette fois des sommets d’intensité et de maîtrise du chaos. Bien sûr, on pense encore à Unsane et Botch au rayon des inspirations indécrottables, mais ce cinquième objet affirme totalement le style du groupe, ce caractère imprévisible, tribal, animal, celui qui permettra de l’identifier au premier coup d’oreille.

Contrairement au verbe du titre, le trio ne s’enracine pas dans son œuvre et parvient à nous raconter une histoire découpée en onze chapitres pertinents. Tour à tour boueux, marécageux, lumineux, négatif, pernicieux, ce récit traduit une forme d'engagement et de consécration artistique pour KEN mode. La grosse claque que j’attendais avec Venerable est devenue sur Entrench un tronc d’acacia géant aux multiples branches blessantes en travers de ma gueule.

L'objet peut s'extraire sur bandcamp.


Tracklist :
  1. Counter Culture Complex
  2. No; I'm In Control
  3. Your Heartwarming Story Makes Me Sick
  4. The Terror Pulse
  5. The Promises Of God
  6. Romeo Must Never Know
  7. Secret Vasectomy
  8. Figure Your Life Out
  9. Daeodon
  10. Why Don't You Just Quit?
  11. Monomyth

Binidu - Yes! (math/post-rock) [2013]

Nouveau projet de la famille Kythibong, Binidu réunit les deux Pneu et un Fordamage/My Name Is Nobody. Dans une ambiance optimiste et enjouée, le premier objet de Binidu ("Biniou Noir" en breton selon la légende) ressemble à l’offrande idéale pour se mettre dans le jus d’un été que l’on souhaiterait perpétuel.

Plutôt éloigné des cavalcades hystérico-mélo-noisy de Pneu, relativement débarrassé du noise-rock burné et coloré de Fordamage, Yes! laisse toutefois s’exprimer les talents de chacun de ses protagonistes. La voix enchanteresse de Vincent Dupas nous envoûte dès les premières notes d’un Cameras & Balloons lumineux, accompagnée de guitares fragiles et vite saturées. La fibre math-rock est bien présente mais n’est pas constante, le champ libre est souvent laissé aux sonorités popisantes (Catch Your Plane, Losing My Voice), sur des rythmiques pa
rfois afro-beat, sur des périodes plus progressives tirant vers un post-rock un brin lo-fi (Fake Money, Kings) et autres poussées légèrement bruitistes mais toujours ensoleillées (Very Nice Swim). On pourrait facilement avancer que Binidu sonne comme un Pneu sous morphine ou comme un Fordamage moins torturé, plus accessible. On pourrait citer Papaye également, pour la chaleur dégagée par l’ensemble, mais Binidu sonne avant tout comme lui-même, certes investi par les influences de la famille, mais affichant une identité propre et déjà installée. Le but de ces gars-là n’est autre que de se faire plaisir et d’en fournir un maximum aux auditeurs. Objectif : "bamboule". Une fois que l’on a saisi cette finalité, le visuel, l’accoutrement improbable et les mines réjouies des bonhommes apparaissent totalement justifiées.

Animés par une énergie créatrice sans bornes, ceux qui composent cette smala (Kythibong, Africantape ou ATRDR entre autres) nous gratifient régulièrement de sorties de qualité. Binidu et son Yes! venant du cœur ne dérogent pas à cette règle naturelle, conservant des bases affirmées tout en proposant de la nouveauté. Ce trio magique invite au voyage intemporel et détient sans doute les armes pour s’émanciper à l’internationale, à l’image des grands frères de Papier Tigre. Car en effet, le monde aurait bien besoin de festoyer généreusement en ces temps troublés… Allez, viens danser !

Ça se savoure en entier sur bandcamp.



 Tracklist :
  1. Cameras & Balloons
  2. Catch Your Plane
  3. Fake Money
  4. Underwater
  5. Losing My Voice
  6. Very Nice Swim
  7. Kings

Bruxisme - Rien de Plus (gros rock) [2011]


BruXisme, ou comment faire grincer des dents de plaisir en mêlant groove imparable et précision redoutable...

Ce premier album d’un groupe composé de valeurs sûres de la scène rock de Nantes et sa région -avec des bouts de Shout, Hemp et Hutchinson- ne fait pas dans la demi-mesure et rappelle les grandes heures du rock souterrain des années 90/2000. On pensera tour à tour à Old Man Gloom sur les passages les plus gras, à Converge pour la puissance de la six cordes, à Envy, Quicksand, Isis ou même à Neurosis (Rien De Plus). Les références sont légion et s'entremêlent volontiers mais n’empêchent nullement le Bruxisme d’avoir sa propre et nerveuse personnalité. Le Bruxisme sait se montrer mélodique tout en restant lourd et alerte (Fireball, Mind Ride, Mix It Up). Le Bruxisme sait faire parler les émotions profondes à travers une voix éraillée bourrée de variations subtiles et parfois screamesques (Day Light), des plans de guitare puissants et virevoltants (Wonder World, Follow The Leader), une basse grasse qui affirme sa présence en claquant juste et une batterie qui frappe souvent dur avec une précision hypnotique.

On aura droit à un interlude grésillant (Bad Taste Junkies) à l’image de l’introduction (L’Artifice) qui permettra d’enchaîner sur l’incroyable morceau éponyme, en français dans le texte. Un véritable bonbon post-hardcore flamboyant qui s’infiltre progressivement dans le corps (et l’esprit) le long de ses 8 minutes 50 pour nous achever en une apothéose instrumentale simplement jouissive. On passera sur le remix de Mind Ride par Kazim Dubovski, vraiment bien foutu mais inopportun vis-à-vis de l’esprit du disque. L’album se clôture sur un morceau (Mr Freeze et Autres Friandises) digne de figurer sur la bande originale d’un film de science-fiction underground bien désaxé…

Ça groove, ça concasse, ça grince, ça danse, ça émeut. Tous les ingrédients sont réunis pour donner vie à une musique qui explose les barrières et qui sonne comme une évidence aux esgourdes de ceux qui veulent en découdre.

Disponible à l'écoute ici.


Tracklist :
  1. L'Artifice
  2. Wonder World
  3. Fireball
  4. Mind Ride
  5. Mix It Up
  6. Day Light
  7. Follow The Leader
  8. Bad Taste Junkies
  9. Rien De Plus
  10. Mind Ride (Remix by Kazim Dubovski)
  11. Mr Freeze et Autres Friandises