Dernièrement
Télérama a recueilli les témoignages de plusieurs femmes ayant été
harcelées, agressées sexuellement voire violées lors de
grands festivals tels que Solidays, Les Vieilles Charrues ou le
Hellfest. Témoignages accablants qui semblent pointer, au-delà du
caractère vomitif de ces comportements, un malaise large et
profondément ancré dans la société occidentale, ne se réduisant
pas seulement au sexisme ou à la misogynie, mais allant de paire
avec le racisme, l'homophobie, la xénophobie, et toute forme de peur
ou d'exclusion de l'autre.
On peut
supposer que l'impression de constater toujours plus de cas est due
aux réseaux sociaux qui ont un effet grossissant de ces
comportements, que ça a toujours existé. C'est vrai, car le rapport
de domination, qu'il s'agisse des hommes sur les femmes ou des
patrons sur les salariés, persiste en toile de fond, malgré
quelques avancées extrêmement fragiles. Les réseaux sociaux ne
font que mettre en lumière cet héritage sociologique de notre
histoire judéo-chrétienne, tout en fournissant à coté une tribune
facile aux intégristes, religieux ou non, qui prônent une forme
d'obscurantisme renforçant cette toile et la maintiennent dans
l'actualité. Les esprits les moins alertes, les moins informés ou
les plus jeunes reçoivent ce flux de signaux et finissent par en
reproduire les mots ou les gestes. On doit aussi prendre en compte la
manière dont la société fonctionne en occident, le fait que nos
peuples soient encadrés depuis une cinquantaine d'années par une
politique qui n'a que l'argent et la réussite individuelle comme
objectifs, aujourd'hui décomplexée, "ni de droite ni de gauche". Une politique de la régression qui ignore les rapports de domination ou de subordination, pour mieux asservir les
masses comme on le faisait au XIXème siècle. Le capitalisme
extrême, le libéralisme actuel cher à Margaret Thatcher (« There
is no alternative »), Ronald Reagan ou notre charmant président est le point névralgique,
l'explication sociologique centrale de la société occidentale
contemporaine.
Cette
politique augmente les temps de travail, diminue de fait le temps libre donc
le temps de réflexion. Elle creuse les inégalités en détruisant peu à peu les avancées sociales, elle renforce les divisions
en agitant ses épouvantails (terrorisme/fascisme, les deux mamelles
de la peur), qu'elle entretient afin d’asseoir sa légitimité
« démocratique », elle n'hésite pas non plus à abuser
de la répression et de la désinformation pour bien faire comprendre
que non, décidément, il n'y a pas d'alternative. L'Amérique latine en paye les frais lorsqu'un de ses pays ose la redistribution des richesses, d'autant plus si le pays en question possède d'énormes ressources pétrolières. "On ne peut pas
faire mieux que le capitalisme, c'est comme ça, mange ton
Big Mac et ferme-la."
La fin de
règne est en cours mais elle s'éternise car les cols blancs
s'accrochent, abusent de leur pouvoir et sont prêts à tout pour
préserver – et même accroître – leurs privilèges. Les excès
jusqu’au-boutiste du régime (les boites du gabarit de Facebook et
Google incluses) sont peut-être ce qui explique cette généralisation
des comportements à la con. Une société malade, uniformisée, n'est naturellement
pas bonne pour la santé mentale. Le seul remède qui apparaît finalement comme une évidence
serait de basculer dans une société humaniste, en paix au moins
relative avec son environnement, réellement et concrètement
démocratique, apprenant à ne pas reproduire les mêmes saloperies, dont les
bases seraient la culture et l'éducation... Mais pour y accéder
encore faut-il récolter suffisamment d'ingrédients, rassembler la majorité des esprits. Avant que la
planète ne fasse surchauffer l'écosystème et nous coupe
légitimement l'herbe sous le pied.
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