vendredi 8 septembre 2017

Rapport non consenti et fin du monde envisagée

Dernièrement Télérama a recueilli les témoignages de plusieurs femmes ayant été harcelées, agressées sexuellement voire violées lors de grands festivals tels que Solidays, Les Vieilles Charrues ou le Hellfest. Témoignages accablants qui semblent pointer, au-delà du caractère vomitif de ces comportements, un malaise large et profondément ancré dans la société occidentale, ne se réduisant pas seulement au sexisme ou à la misogynie, mais allant de paire avec le racisme, l'homophobie, la xénophobie, et toute forme de peur ou d'exclusion de l'autre.

On peut supposer que l'impression de constater toujours plus de cas est due aux réseaux sociaux qui ont un effet grossissant de ces comportements, que ça a toujours existé. C'est vrai, car le rapport de domination, qu'il s'agisse des hommes sur les femmes ou des patrons sur les salariés, persiste en toile de fond, malgré quelques avancées extrêmement fragiles. Les réseaux sociaux ne font que mettre en lumière cet héritage sociologique de notre histoire judéo-chrétienne, tout en fournissant à coté une tribune facile aux intégristes, religieux ou non, qui prônent une forme d'obscurantisme renforçant cette toile et la maintiennent dans l'actualité. Les esprits les moins alertes, les moins informés ou les plus jeunes reçoivent ce flux de signaux et finissent par en reproduire les mots ou les gestes. On doit aussi prendre en compte la manière dont la société fonctionne en occident, le fait que nos peuples soient encadrés depuis une cinquantaine d'années par une politique qui n'a que l'argent et la réussite individuelle comme objectifs, aujourd'hui décomplexée, "ni de droite ni de gauche". Une politique de la régression qui ignore les rapports de domination ou de subordination, pour mieux asservir les masses comme on le faisait au XIXème siècle. Le capitalisme extrême, le libéralisme actuel cher à Margaret Thatcher (« There is no alternative »), Ronald Reagan ou notre charmant président est le point névralgique, l'explication sociologique centrale de la société occidentale contemporaine.

Cette politique augmente les temps de travail, diminue de fait le temps libre donc le temps de réflexion. Elle creuse les inégalités en détruisant peu à peu les avancées sociales, elle renforce les divisions en agitant ses épouvantails (terrorisme/fascisme, les deux mamelles de la peur), qu'elle entretient afin d’asseoir sa légitimité « démocratique », elle n'hésite pas non plus à abuser de la répression et de la désinformation pour bien faire comprendre que non, décidément, il n'y a pas d'alternative. L'Amérique latine en paye les frais lorsqu'un de ses pays ose la redistribution des richesses, d'autant plus si le pays en question possède d'énormes ressources pétrolières. "On ne peut pas faire mieux que le capitalisme, c'est comme ça, mange ton Big Mac et ferme-la."

La fin de règne est en cours mais elle s'éternise car les cols blancs s'accrochent, abusent de leur pouvoir et sont prêts à tout pour préserver – et même accroître – leurs privilèges. Les excès jusqu’au-boutiste du régime (les boites du gabarit de Facebook et Google incluses) sont peut-être ce qui explique cette généralisation des comportements à la con. Une société malade, uniformisée, n'est naturellement pas bonne pour la santé mentale. Le seul remède qui apparaît finalement comme une évidence serait de basculer dans une société humaniste, en paix au moins relative avec son environnement, réellement et concrètement démocratique, apprenant à ne pas reproduire les mêmes saloperies, dont les bases seraient la culture et l'éducation... Mais pour y accéder encore faut-il récolter suffisamment d'ingrédients, rassembler la majorité des esprits. Avant que la planète ne fasse surchauffer l'écosystème et nous coupe légitimement l'herbe sous le pied.

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